EXPOSITION A LA VILLA DE LA REGION

Texte du catalogue édité à l'occasion de l'exposition

L’illusion du réel 

Peintre voyageur des espaces libres et des itinéraires tracés au pinceau, l’artiste nous convie à partager sa recherche des instants suspendus dans l’élan des évasions picturales, décrivant des environnements à la fois si proches et si lointains, finis et infinis, mêlant avec délices moult atmosphères aux références intemporelles, le tout délicatement orchestré sur la surface de la toile.

Le pinceau vole, danse et répond à la nature du motif en transmettant le flux de la vie intérieure. Alors se révèlent, avec une acuité poétique et colorée, la transparence de l’alizée, la fraîcheur de l’océan ou des cascades, les courbures et le frissonnement des feuillages, l’esprit de la nature tropicale et le souffle infini de l’espace céleste qui innerve tous ces éléments. La composition aérienne des toiles est inondée de lumière et révèle une tonalité résolument joyeuse.

Dans cet abandon contrôlé, le geste atteint sa liberté et son harmonie rythmique, ce naturel plein de puissance et de vitalité qui engendre en retour un regard chargé d’émotion.

Mondes improbables et paysages imaginaires 

Sa peinture nous invite également à partager le champ de l’altérité. Là, des espaces aux profondeurs inconnues où le regard se perd, où la pensée s’égare, laissent place à l’imprévu, à l’étrange, à des mondes singuliers et irréels, à des paysages insolites peuplés de créatures imaginaires toujours bienfaisantes. 

Elle nous entraîne dans des compositions aériennes, originales et fantastiques, inondées de lumière, dont les tonalités franchement optimistes résonnent comme autant de visions utopiques et auspicieuses. 

Paysages aquatiques ou rocheux, mondes elliptiques ouverts sur l’immensité, îles réelles et terres imaginaires, l’artiste nous fait découvrir une situation narrative optimale parce qu’elle autorise une variété permanente et totale investie de caractéristiques oniriques, culturelles et allégoriques. 

Avec eux, Deborah Roubane rejoint le monde des voyages impossibles et nous propose d’atteindre ou plutôt d’apercevoir de manière fugace les ultimes lieux à explorer, ceux liés au monde du rêve où les réminiscences sacrées et profanes se rejoignent.

Thierry Nicolas TCHAKALOFF - Conservateur du Musée des Arts Décoratifs de l'Océan Indien